Bon, je me lance...
(Woah, c'est le premier topic que je crée, je suis n'émue *-* *BAF*)C'est le premier OS que je poste ici, j'espère qu'il vous plaira... C'est assez... Hum,
fluffy (mélange de douceur/tendresse), comme on dit x). Avec l'Amitié en thème central... Enfin bref, je vous laisse lire =).
(Je n'étais pas dans une période "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil" quand je l'ai écrit, donc le début est assez... triste.)GRAU - JEDER
On a tous besoin d’une étoile…
2002.Il était l’erreur. Le looser. L’éternel perdant. Le raté. Celui qui faisait rire les autres. Méchamment. Celui qui servait de punching-ball. La tête de turc. Celui qui ne comptait pas. Un minable. Qui ne pouvait compter sur personne. Oui alors, juste sur lui-même. Et encore. Celui qu’il était facile de mépriser et d’ignorer. Celui qui ne manquerait à personne… Il referma la porte de sa chambre avec douceur, d’un geste mécanique. La pièce était plongée dans la pénombre : les rideaux étaient encore fermés, et, au dehors, de lourds nuages noirs trônaient sur la ville depuis plusieurs jours. Il s’assit avec précaution sur son lit, une main sur ses côtes douloureuses, puis s’allongea lentement et se recroquevilla sur lui-même, ses pensées tourbillonnant dans son crâne. Un spasme le secoua, tandis qu’il tentait de retenir ses larmes. Il se tourna sur le côté puis enfonça le visage dans son oreille tandis qu’il se mettait à sangloter douloureusement.
Encore un jour gris à vivre…Son esprit émergea des limbes les plus profondes de son sommeil en sentant une main le secouer gentiment. Il papillonna vaguement des paupières puis s’assit avec précaution, suivant docilement le mouvement qu’on lui imposait avec douceur. Son esprit toujours endormi, il avança d’un pas hésitant jusqu’à la salle de bains puis se laissa déshabiller d’un air absent, le sommeil le quittant peu à peu. Les lambeaux de son tee-shirt disparurent quelque part au-dessus de sa tête, alors qu’une voix douce, inquiète, le berçait tandis que deux mains froides parcouraient ses plaies avec douceur, du désinfectant dans l’une et un coton sec dans l’autre.
Il reprit brutalement conscience en sentant un liquide froid s’infiltrer dans une de ses plaies. Il cligna des yeux, aveuglé par la lumière crue des néons, puis reposa son regard sur la personne qui lui faisait face. Le ronron se stoppa soudain tandis qu’il reprenait définitivement pied.
-Dav… Davii ? bafouilla-t-il en relevant timidement les yeux vers lui.
Le brun le regarda avec inquiétude, sa main droite lâchant ce qu’elle tenait et allant caresser avec douceur le visage de son vis-à-vis.
-Comment te sens-tu ?
Le jeune rappeur grimaça tandis que la douleur remontait jusqu’à son cerveau.
-Mal, déclara-t-il dans un souffle avant de baisser à nouveau les yeux.
Il se mura à nouveau dans son silence, se recroquevillant sur lui-même en entendant son meilleur ami soupirer.
-Je suis désolé de te causer autant de problèmes, murmura-t-il en fixant ses pieds.
-Timo… Tu ne me causes pas de problèmes, rétorqua David avec patience. C’est mon rôle d’être là pour toi quand ça ne va pas… Et c’est un rôle que je refuserai pour rien au monde…
Le jeune rappeur resta silencieux, observant ses pieds d’un air misérable. Le pianiste soupira à nouveau, puis continua de panser ses plaies avec douceur, l’habitude conférant à ses gestes une certaine aisance.
-Comment l’as-tu su ? s’enquit finalement le blessé en un murmure, alors que sa dernière blessure se faisait recouvrir d’un pansement.
-Jan m’a appelé, lui répondit son meilleur ami d’un air concentré. Il t’a vu partir et être suivi par la bande de Kurt, donc il m’a prévenu dès qu’il est rentré chez lui… Il avait encore une heure de cours avant d’être libéré…
Timo hocha la tête avant de se relever précautionneusement, une main sur ses côtes douloureuses. Il tendit la main vers son tee-shirt, et sursauta en sentant son mouvement interrompu. Perplexe, il releva les yeux vers David, qui lui enserrait le poignet d’une main ferme.
-Change-toi, tu te sentiras mieux, lui conseilla-t-il en lui jetant un regard pénétrant.
Le rappeur se dirigea vers sa chambre en silence, obéissant. Il enfila avec lenteur un tee-shirt sec et son sweat fétiche, qui servait le plus souvent de peignoir à David lorsqu’il venait dormir ici, puis ôta son jean avant d’aller se glisser dans son lit, frigorifié. Il se recroquevilla en position fœtale, le visage vers le mur qui bordait son lit, tournant le dos à la pièce. Le pianiste s’assit à côté et lui posa doucement une main sur l’épaule, se mordillant la lèvre. Il hésitait à rester, sachant pertinemment que son meilleur ami détestait être vu en position de faiblesse…
-Est-ce que tu peux jouer quelque chose ? murmura doucement Timo, lui ôtant ainsi la tâche de faire un choix.
-Tu as une préférence pour un morceau ? s’enquit David en s’asseyant en face du piano portable, les doigts déjà agités.
-Comme tu veux, répondit une voix étouffée par la couette.
Il commença par jouer une de ses créations, à laquelle il avait juste donné le chiffre #4, avant de se lancer dans les morceaux classiques. Et les notes s’envolèrent délicatement, petites parcelles de réconfort et de douceur…
~
David se réveilla en sursaut, haletant, une violente envie de vomir au bord des lèvres. Il jeta un rapide coup d’œil à son réveil.
Trois heures dix-neuf s’affichaient en un rouge sanglant, obscène vis-à-vis du cauchemar qui avait réveillé le jeune pianiste. Le bruit des gouttes d’une pluie battante résonnait contre son volet, tel le glas lent et lointain d’une église. Il déglutit, se passa une main dans les cheveux avant de rejeter d’une geste sa couette, les images de son rêve inscrites au fer rouge sur sa rétine. Il ôta le tee-shirt défraîchi qu’il portait pour dormir, en enfila un plus chaud, suivi d’un pull et d’un jean, avant de récupérer ses clés d’un geste rapide et de se précipiter dans les escaliers. Il sauta les deux dernières marches, qui avaient tendance à grincer, avant de se précipiter vers le garage, une paire de Vans noires aux pieds. Il enfila son imperméable, ouvrit discrètement la porte du garage, puis sortir son vélo sous une pluie battante. Lorsque enfin il put appuyer sur les pédales, l’étau qui enserrait son cœur depuis son réveil se desserra légèrement. Toutes ses pensées étaient tournées vers un seul endroit, le pont qui surplombait la ville, et d’où il avait vu Timo sauter durant son cauchemar… Qui, il n’en doutait pas, était sûrement prémonitoire.
Trente bonnes minutes plus tard, hors d’haleine, il arriva enfin à un bout du pont, les joues rougies par l’effort. Il plissa les yeux, cherchant à deviner une silhouette humaine dans les ténèbres, craignant qu’il ne soit trop tard, puis poussa un soupir de soulagement en apercevant enfin son meilleur ami à l’autre bout. Il roula doucement le long du pont, veillant à ne pas glisser dans une flaque d’eau trop profonde – il avait cessé de pleuvoir quelques minutes auparavant – puis s’arrêta enfin à quelques mètres du jeune rappeur et posa son vélo contre la rambarde du pont.
-Timo ? murmura-t-il avec un mélange de douceur et d’inquiétude en s’avançant lentement vers lui, veillant à ne pas l’effrayer.
-On voit bien les étoiles ce soir, se contenta-t-il de répondre d’une toute petite voix.
Il s’était assis sur la rambarde, les jambes dans le vide, le regard fixé sur la voûte étoilée qui se reflétait sur le fleuve. Des traces de larmes brillaient encore le long de ses joues, et son tee-shirt déchiré était plaqué contre son corps, le froid semblant n’avoir aucune prise sur lui.
-Le ciel est dégagé après cette averse, répondit le brun en se posant à côté de lui, accoudé à la rambarde.
Le silence s’installa, les enveloppant de son voile inquiétant. Au loin, un clocher sonna quatre heures, le bruit des cloches donnant une ambiance mortuaire à la scène. L’aîné frissonna, son corps se penchant un peu en avant, comme attiré par les eaux noirâtres qui roulaient en un grondement de tonnerre sous leurs pieds.
-Tu vas finir par tomber malade, constata David en se rapprochant de son meilleur ami, clairement inquiet.
Il n’avait jamais été aussi proche de la chute que maintenant… Aussi proche du monde des morts que loin du monde des vivants…
-Quelle importance de toute façon ? chuchota-t-il si bas que le brun dut tendre l’oreille pour l’entendre.
-J’ai pas envie que tu tombes malade, moi, protesta le musicien à voix basse.
Un sourire triste prit place sur les lèvres du rappeur, qui tourna enfin la tête vers son interlocuteur.
-Si je saute, je ne serai plus jamais malade, murmura-t-il avec douceur.
Livide, David se raidit, une sueur glacée coulant le long de ses dos.
-Non…
Un murmure, ça n’avait qu’un murmure désespéré, qui lui avait échappé… Il ne voulait
pas le perdre, pas maintenant, pas
comme ça…
-Ca ne changera pas grand-chose, de toute façon, reprit-il à mi-voix en reportant son regard sur le fleuve. Je ne serai bientôt plus qu’un souvenir…
-Timo…
-Tu ne m’oublieras pas, hein ? murmura-t-il d’une voix d’enfant effrayé par le noir de sa chambre sans se soucier de l’interruption.
David soupira. Il ferma les yeux, tentant de retenir les larmes qui lui brûlaient les yeux, ne sachant que dire, quoi faire. Quelles paroles sauraient être suffisamment convaincantes face à une telle détermination ?
-Je ne veux pas que tu sautes, déclara-t-il d’une voix étranglée, ses yeux se portant à leur tour sur le reflet des étoiles. Je ne veux pas que tu me laisses ici, tout seul, sans personne vers qui me tourner quand ça ne va pas… Je ne veux pas me lever jour après jour tout en sachant que je ne te reverrai sourire, que je t’entendrai plus me parler, que je ne jouerai plus que pour un public vide et anonyme…
Il se tourna vers le jeune brun, les larmes menaçant de couleur à chaque instant, puis le força à le regarder, ses mains enserrant le visage de son meilleur ami.
-Je ne veux pas vivre sans t’avoir à mes côtés, Timo, chuchota-t-il avec la force du désespoir. Je sais que je suis égoïste, mais je ne peux
pas continuer sans toi. C’est juste… au-dessus de mes forces.
Il renifla violemment, puis lâcha le jeune rappeur et se tourna à nouveau vers le fleuve, inspirant profondément pour se calmer, ses poings se serrant convulsivement.
-J’ai besoin de
toi, Timo, murmura-t-il.
-David…
Le grondement sourd du fleuve en contrebas résonnait douloureusement à ses oreilles tandis que son cœur se serrait violemment. Son meilleur ami avait l’air si vulnérable ainsi… Il ne pouvait
pas l’abandonner, pas maintenant en tout cas, réalisa-t-il brutalement. Il se tourna prudemment sur rambarde, posa les pieds sur le sol avec précaution, puis attira le pianiste contre lui. Effondré, David se recroquevilla contre lui, l’enlaçant étroitement, son visage humide enfoui dans le cou du rappeur. Timo se mordit la lèvre, posa maladroitement sa main sur le crâne de son vis-à-vis avant de fermer les yeux, laissant les larmes passer la frontière de ses paupières.
-Je ne t’abandonnerai pas, lui promit-il finalement d’une voix étouffée.
Un sanglot se fit entendre, tandis que les épaules du pianiste se mirent à tressauter. Timo resserra leur étreinte, pleurant en silence, son cœur battant à tout rompre. Il avait été près, si près du bord… Si près du plongeon…
-Jamais ? murmura David en se blottissant encore plus contre son meilleur ami, lui transmettant un peu de sa chaleur.
-Pas tant que tu auras encore besoin de moi, lui jura-t-il en enfouissant son visage dans les cheveux du pianiste. Je resterai là pour toi…
~