Une Douce Torture.
Elle courait. L'air frais de la nuit remplissait ses poumons.
Plus pour longtemps. Elle avait
rêvé de ça tellement de fois, tellement fort ... Aujourd'hui, elle le faisait.
Enfin. Elle continua de courir, elle
s'échappait. Plus rien ne la retenait.
Personne. Sauf peut-être ... Elle s'arrêta net à cette pensée.
Lui*.
Lui* peut-être qu'
Il* la retiendrait. Ou peut-être
pas.
Que faire ? Cette seule question demeurait dans son esprit. Si elle restait, elle subirait la
douleur physique, mais aussi mentale. Cette
torture qu'
Ils* lui infligeaient.
Merde. Si elle partait elle penserait à
Lui*. Elle serait faible. Elle
faillirait. Elle était où cette
putain de solution ?
Partir ...
Rester ... Deux possibilités. A présent elle marchait vers la rivière. Elle voulait se rafraîchir, se remettre les
idées en place.
Bordel de vie. Même au moment décisif elle
hésitait. Et s'
Il* s'en foutait d'elle ?
Pourquoi revenir ? Oui ... Au fond il devait
s'en foutre totallement.
Un mois. Un mois qu'elle n'avait pas eu de nouvelles.
Privée de sortie, d'accord elle ne pouvait pas le voir, mais
merde, un SMS, c'était
trop ? Elle plongea ses mains dans le liquide glaçé. Le vent agitait ses
cheveux emmêlés. Sa blancheur et sa maigreur la rendait presque
fantômatique.
Invisible. Un mot qui résumait bien sa situation.
Partir ...
Rester ... Ses deux seules possibilités.
A moins que ... Une
troisième s'offrait à elle à présent.
Si tentante ... Attrayante aussi.
Fuir pour de bon. Fuir pour toujours.
Oublier sa vie,
Eux*,
Lui* ... Tout
simplifier.
Elle jeta un regard autour d'elle puis avança. Quelques mètres plus loin, il y avait
Leur* endroit.
Rien n'avait changé ... A part le fait qu'
Il* n'était pas avec elle. Elle s'assit sur la pierre où il l'avait
embrassée des milliers de fois, où ils avaient fait
l'amour pour la première fois ... Où elle avait
pleuré aussi. Son
refuge. Une vague de
souvenirs la submergea.
Merde, ce que ça pouvait faire mal. Trop mal. A en
crever. Son choix était fait. Elle ne partirait pas. Elle ne resterait pas. Elle allait
fuir.
Elle prit un carnet noir et griffona quelques
mots. Ses
derniers mots. Une
lettre. Rien que pour
Lui*. Elle déposa la feuille pliée dans le creux de l'arbre qui lui faisait face. Celui où étaient gravées
Leurs* initiales. Elle détacha le
collier qu'
Il* lui avait offert, près d'un an auparavant. Elle l'accrocha à une branche du
saule pleureur. L'
abandonner ... Etait-ce le mieux à faire ? Tout était
flou. Elle
pleurait. Secouée de
spasmes et de
sanglots ... Quelques minutes, elle se calma enfin. Elle
admira le paysage qui s'offrait à elle.
C'était la dernière fois qu'elle le voyait. Elle inspira un grand coup puis
sauta.
L'
eau était tellement
froide que ses poumons semblaient s'être
gelés. Ses yeux d'un bleu
translucide restaient grand ouverts ... Elle se laissa
couler. Elle ne ressentait
aucune douleur. Seul son cerveau semblait crier
au secours face à ce
manque d'oxygène. Des images défilaient sous ses yeux ... Cherchant peut être la meilleure pour
partir sereinement. Tout se figea, son regard s'arrêta sur une vision ...
Lui*. Maintenant elle ne pouvait plus
reculer. Tout semblait s'éteindre, la lueur de la
lune s'éloignait un peu plus à chaque seconde.
Ca y est.
C'était fini. Le corps à présent
sans vie demeurait au fond de l'eau. Elle avait
fuit.
Il* trouva le collier ... Un
infime espoir subsistait, l'
espoir que ce ne soit pas
ce à quoi Il* pensait ...
Il* avait la lettre dans les mains.
« Tu es la seule personne qui me manquera quand j'aurais quitté ce monde où je n'ai pas ma place ... Est-ce que tu souffriras de mon absence ? Le doute m'envahit. Quoi qu'il en soit, n'oublie jamais ces mots, grave les dans ta mémoire ... Essaye de ne pas m'oublier. Je n'ai aimé que toi. Aujourd'hui encore, je t'aime. A jamais. A travers la mort et tout ce qui s'ensuit. Adieu. »
Adieu. Maintenant
Il* ne pouvait plus
douter. La
peine Le* submergea, les
larmes, le
désespoir ...
Dégoût de la vie, sans elle rien n'avait d'intérêt ... Une
Converse échoua sur le rivage.
Il* la reconnut immédiatement. Sa
Converse. Elle était là, près de lui ... Au
fond de l'eau.
Il* la sentait presque, son
odeur ... La
cadence de son
souffle résonnait dans son esprit comme une
douce torture.
Il* souffrait de son
absence.
Rien ne pourrait
Le* consoler. Sauf ça.
Il* plongea à son tour,
suffoqua,
coula.
Ses* poumons étaient maintenant
vides d'oxygène, plus aucun
battement n'agitait
Son* cœur.
Il* l'avait rejointe. Dans la
mort.