_June ?!
Pas de réponse. Juri avança dans le couloir et frappa à la porte de June, toujours pas de réponse. Il ouvrit la porte, la chambre était vide. Plus aucun t-shirts jetés à la va vite sur la chaise, plus de peluche crado qu’elle refusait de jeter, plus rien, sauf un papier sur le lit.
« Je quitte l’appart’, c’était plus vivable. Tu m’as pas adressé la parole depuis trois semaines et ça fait une semaine que tu ne quitte plus ta chambre sauf pour manger et prendre ta douche. Merci quand même pour ces quatre mois en colocation, c’était sympa, au début…
June. »
Juri s’assit sur le lit, et d’un geste rageur il roula le papier en boule et le jeta contre le mûr.
_Quel con putain, quel con !!
Il saisit son portable et composa le numéro de June. Elle ne décrocha pas., il lui laissa un message. Il se releva et parcourut l’appartement désormais vide de la présence de sa petite brune de coloc’.
Comment est-ce que ça avait dérapé ? Ha oui… Sa jalousie. Juri avait invité son groupe a l’appart’, comme souvent, il avait proposé à June de se joindre à eux, le courant était bien passé entre elle et Linke. Il ne s’était pourtant rien passé, mais ils se voyaient de plus en plus souvent et bizarrement ça dérangeait Juri. Il était devenu exécrable avec June, puis il s’était renfermé sur lui-même.
Quelqu’un sonna à la porte, c’était une amie de June.
_Salut, June m’a juste demandé de passer chercher son blouson, elle l’a oublié dans son placard.
_Elle pouvait pas venir le chercher elle-même ?
_A vrai dire elle a pas envie de remettre les pieds ici, elle comprend pas pourquoi t‘agis comme ça et elle en a marre de vivre dans une ambiance de merde, elle vient habiter chez moi pour l‘instant.
Il passa le blouson à la jeune femme et fit semblant de fermer la porte. Il attrapa sa veste, sortit à son tour et suivit de loin l’amie de June. Elle habitait à deux rues d’ici. Il nota mentalement le chemin et rentra chez lui. Il passa une partie de la nuit à regarder les photos collées sur la porte du frigo, il souriait en repensant à tous les moments auxquels renvoyaient ces photos. L’anniversaire de June, l’arrivée de Vodka, leur chaton, dans l’appart’, June en train d’essayer de jouer de la batterie, Juri déguisé en femme de ménage…
Il alla se coucher, se maudissant d’être aussi con au point de faire fuir quelqu’un à qui il tenait « un minimum ».
Le lendemain matin, il se réveilla en sursaut, il était 8h12, il se doucha et s’habilla rapidement. Puis après maintes tergiversions, il sortit et refit le chemin qu’il avait fait hier. Il monta dans l’immeuble et sonna à la porte. Ce fut une June à peine réveillée, en grand t-shirt qui vint lui ouvrir. Son visage se ferma aussitôt.
_Qu’est-ce que tu fous là Schewe ?
_Je suis venu m’excuser; et te demander de revenir… Tu manque à Vodka.
_Mon cul.
June avait toujours été d’une amabilité légendaire le matin, il aurait dû s’en souvenir.
_June, j’suis désolé pour ces derniers temps… J’sais pas ce qui m’a pris.
_Si, moi je crois que tu sais très bien, mais tu le dira pas.
_Pardon ?
_Ca te fait chier que je sois amie, et je dis bien AMIE, avec Linke. Je couche pas avec lui, tu sais mais ça, ça à l’air de te dépasser. Et puis même si jamais, je couchais avec lui, qu’est-ce que ça pourrait te foutre, on est coloc’ point barre.
Juri accusa le coup. Il avait merdé, il fallait bien qu’il en prenne un peu dans la gueule.
_Tu compte aller où après ?
_Je sais pas, je cherche un appart’.
_June déconne pas, reviens à l’appart’.
_Et pourquoi ?
_Parce que.
_Donne moi une raison.
Elle l’avait pris au dépourvu, son regard se perdit un instant puis il la regarda de nouveau.
_Tu veux une raison ? J’vais t’en donner. Je veux que tu revienne parce que j’adore te voir te pincer l’arête du nez quand je t’énerve et que j’ai envie de continuer rien que pour te voir le refaire, j’aime me lever la nuit et te trouver toi et Vodka endormis sur le canapé, la télé allumée, tu me fais rire quand tu gueule après un objet ou un meuble qui t’as contrariée, et ça me fait encore plus rire quand tu crie en français parce que ton accent est vraiment trop craquant, j’adore te voir si impatiente quand on fait des crêpes au point de te brûler la langue tellement c’est encore chaud, j’adore te retrouver en pleine nuit assise sur le balcon, avec Vodka sur les genoux, un bon bouquin et qu’on discute jusqu’à pas d’heure, j’aime te trouver le matin perchée sur une des chaises hautes de la cuisine assise en tailleur avec un bol de céréales dans les mains, j’aime aussi le fait que tu me prenne pour un brouillon et que tu me gribouille dessus quand t’es distraite, j’adore ta manie de te faire des chignons avec à peu près tous les stylos et baguettes chinoises de l’appart’, j’aime aussi quand tu râle après moi parce que j’ai trempé toute la salle de bain, j’aime quand tu me regarde jouer de la batterie et te voir te mettre à danser pour tout et n’importe quoi, te voir courir à la porte quand quelqu’un sonne et hurler « C’est moi qui ouvreeee ! » et faire pareil quand c’est le téléphone qui sonne, j’aime aussi la façon dont tu pose Vodka autour de ton cou et ensuite te voir te trimballer façon Naomi Campbell dans le couloir, j’adore entendre ton rire quand je me mange un coin de table et que je jure moi aussi... je… Et je sais plus bordel, mais en tout cas, ça fait plus d’une raison !
June le regardait les bras croisés, tentant encore d’avoir l’air fâché mais ça ne marchait pas vraiment. Juri soupira et enfouit les mains dans ses poches.
_J’veux que tu revienne, t’es pas une coloc’ comme les autres, t’es plus…
_Une Supercoloc’ ?
_Non. Enfin si mais non.
_Une amie ?
_Non.
_Comme une sœur ?
_Rha mais t’en fais exprès ou quoi ?! Finit-il par lâcher, impatient.
_Je crois, oui, répondit June, un sourire en coin.
Elle s’approcha de lui, se dressa sur la pointe des pieds et l’embrassa tendrement. Il sortit les mains de ses poches et emprisonna sa petite brune dans ses bras. Il ne la laisserait pas partir une seconde fois.
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Ouais c'est niaisou mais j'assume complètement x)